A. Origine des blogs et définition générale
C’est
en 1995 que sont apparus les premiers blogs. Ils sont constitués de
textes appelés billets. Les blogs deviennent alors un nouveau média et
un nouveau moyen d’expression. Exploités dans un premier temps pour
créer « des journaux intimes personnels lus par le public ». Ils
trouvèrent par la suite une place dans le monde de l’entreprise et même
dans celui de la politique. Pour comprendre l’origine des blogs il faut
remonter au début d’internet. A la base, le web était conçu comme un
ensemble de pages statiques liées entre elles à l’aide de liens. Ce web
est appelé Web.1. Ses utilisateurs étaient des consommateurs de ces
pages et peu d’entre eux rédigeaient. Avec le temps, la façon de
présenter les informations à évoluer vers un mode plus actif. Le contenu
des pages étant tiré d’une base de données pour les afficher ensuite,
les auteurs pouvaient facilement les mettre à jour à l’aide de système
de gestion de contenu (CMS). Peu à peu le Werb est devenu de plus en
plus collaboratif et participatif, tout le monde ayant sa page web et
souhaitant partager. C’est ainsi qu’est né le Web 2.0, selon
l’expression de Tim O’Reilly, en réaction au début du Web ou tout était
statique. Les blogs et les wikis s’inscrivent parfaitement dans cette
mouvance : la collaboration et la participation d’une communauté autour
d’un sujet.
Cet outil s’est particulièrement développé au cours de
ces dernières années, en particulier lors des attentats du 11 septembre
2001. En effet la catastrophe utilisa les blogs comme un moyen de
catharsis. Alors qu’on ne listait en 1999 que 23 web-logs sur la Toile,
l’effondrement des deux tours du World Trade Center a multiplié
considérablement le nombre de blogs sur le web. Ainsi, on recense à ce
jour plus d’un milliard de weblogs actifs d’après le moteur de recherche
spécialisé Technorati. Selon le rapport Giazzi, la France recensait en
2008 neuf millions de blogs dont deux millions et demi de blogs actifs.
Elle se classait ainsi au 4eme rang mondial, après les États-Unis, la
Chine et le Japon, mais au premier rang mondial en nombre de blogs par
internaute. Le blog connait donc un succès croissant auprès d’un public
très varié. La blogosphère est tellement active qu’il se créerait
plusieurs blogs par seconde sur la planète.
L’intérêt pour
nous de ce type de site web est qu’il permet aux auteurs de publier les
articles à vif et de manière plus libre et laisse également la
possibilité aux visiteurs de déposer des commentaires. Le blog se
présente alors en réalité comme une nouvelle ressource documentaire via
un partage d’informations et peut parler d’une véritable interactivité
entre auteurs et lecteurs. En effet, le blog peut recueillir un travail
collectif, et permettre les échanges autour de sujets spécifiques. De
plus, il donne la possibilité non seulement aux professionnels
d’utiliser les web-logs afin de rechercher une information, mais
également de se les approprier afin de proposer, à leur tour, un espace
d’information et de communication. Le principe du blog repose sur la
publication de médias : textes, images et vidéos. Il s’agit d’un site
web constitué d’un ensemble de messages, aussi appelés billets, écrits
dans l’ordre chronologique. Semblables à des notes, les billets
représentent des courts articles, souvent rédigés dans un style
personnel et enrichis d’éléments multimédia tels que des liens ou des
images. Autour des blogs se forment de véritables communautés, des
réseaux aux mailles serrées. Les passionnés d’un domaine se retrouvent
ainsi à discuter et à débattre de leurs sujets favoris, tantôt sur le
blog de l’un tantôt sur le blog de l’autre. Comme tout le monde
communique avec tout le monde, les connaissances sont très souvent
riches en connaissances parfois pointues. Aujourd’hui, la blogosphère
entre doucement dans le monde de la formation et de l’enseignement. En
effet ce moyen de communication qui renferme une multitude
d’informations et qui se veut interactif semble particulièrement
approprié au développement des connaissances que ce soit pour des
scolaires, des étudiants ou encore des chercheurs.
Le mot
blog, dont le terme francisé est « blogue », vient d’une modification de
l’expression « web log » qui signifie « connexion » ou selon d’autres «
journal du web », « carnet de bord du web ». Ce terme se décline
facilement en verbe, par exemple « je blogue », ou en d’autres
substantifs tels que « blogueur » ou « blogueuses ». En France le terme
officiel de Bloc-notes a été retenu par la Commission générale de
terminologie et de néologie. Toutefois, ce mot entre en conflit avec la
traduction de notepad et ne permet pas la richesse de
déclinaison de blog. Dès 2006, le Robert et le Larousse ont intégré le
mot « blog » dans leurs dictionnaires. Sa composition est particulière
et reste à peu près toujours la même.
Composition d’un blog :
- Le permalink, qui s’apparente à un lien permanent associé à chaque billet. Chaque message a donc son URL.
- Les
billets (ou « posts », « messages », « articles ») déposés par l’auteur
du blog et qui peut comprendre des vidéos, des images ou du son. Ils
sont présentés en ordre antéchronologique, les plus récents se plaçant
en tête.
- Les commentaires laissés par les
lecteurs. Ceux-ci peuvent être retirés par l’auteur du blog, car ce
dernier est légalement responsable de ce qui est affiché sur son site.
- Le
trackback (ou « rétroliens »), qui s’apparente à un système automatique
de citations. En effet, il permet de faire apparaître sur un blog, le
titre, le lien permanent, et un extrait du texte écrit sur un autre
blog, par un autre auteur. Cela favorise ainsi le respect du droit
d’auteur.
- La blogoliste, qui propose des liens vers d’autres blogs et / ou sites web
Le
blog permet donc de partager facilement son point de vue, ses
connaissances et ses émotions. C’est un moyen d’expression simple,
pratique et interactif. Il naît dans certains blogs de véritables
discutions riches et pertinentes. Bloguer peut-être un passe-temps ou
faire partie de son métier : tout le monde peut s’y retrouver. Il semble
évident que les archivistes, professionnels de l’information et du
document se soit emparé de ce moyen de diffusion novateur. Peut-il
néanmoins correspondre au besoin de la sphère scientifique ?
L’archivistique peut-elle espérer développer ses champs d’investigation,
sa renommée et son dynamisme par ce média ?
B. Les blogs de recherche scientifique : un moyen de diffusion nécessaire ?
Selon
Hélène MAGINOT-MCRAE, dans sa thèse « MEDECINS BLOGUEURS : UNE
EVOLUTION NECESSAIRE ? » présentée et soutenue le 09 janvier 2013, la
médecine a elle aussi besoin de transmettre ses résultats de recherche
scientifique au public. Ici il s’agirait plutôt d’informer les individus
via de nouveaux moyens de communication qu’offrent Internet. Elle
analyse alors les blogs rédigés par les médecins généralistes français.
La thèse explique que les médecins se sont progressivement intéressés à
ce que pouvait leur offrir le Web, en termes de recherche, de partage et
de diffusion d’informations médicales. A la fin des années 90, quelques
médecins passionnés par les nouvelles technologies, par Internet et par
la médecine se sont ainsi lancés dans la création de sites Internet. En
2000, ils se sont regroupés en une association loi 1901 sous le nom de
MMT (Médecins Maîtres-Toile). Mais les médecins français ne se sont
tournés vers les blogs que vers les années 2004-2005. Ces blogs se sont
peu à peu développés, mais leur nombre reste finalement assez modeste,
si l’on ne compte que les blogs actifs – c’est-à-dire ceux régulièrement
alimentés par leurs auteurs. Ces blogs semblent cependant connaitre un
certain succès.
Sans réelle réglementation existante, hormis le
code de déontologie, les médecins blogueurs ont rapidement réfléchi à
une sorte de charte de qualité, permettant de donner à la rédaction de
leur blog une dimension éthique. Cette « nétiquette », née dans les
années 2000, prône la prudence, la rigueur, et le respect. Cela permet
de rappeler les responsabilités qui incombent aux médecins, tout en les
encourageant à s’engager sur la Toile. Mais l’auteur de la thèse se
demande si ces recommandations sont réellement applicables et si elles
sont réellement souhaitables. Dans l’ensemble sont travail pousse à dire
que les médecins comme le public sont en accord avec les règles
spécifiées et quelles permettent de donner une base de travail fiable.
Elle explique même que les médecins « ont à cœur de proposer sur leur
blog une forme de veille médicale » et que « leurs lecteurs sont avides
d’apprendre à mieux connaître les médecins et leur quotidien, par
curiosité mais également pour s’assurer de leur humanité. » p 117.
A
partir de ces remarques sur le blogging scientifique des médecins on
peut se rendre compte à quel point celui des archivistes lui ressemble.
En effet, le développement des blogs dans le monde médical s’est
développé dans les mêmes années et à un rythme semblable. En effet, ils
débutent après 2005, l’âge d’or des blogs utilisés comme « carnets
intimes », et continuent à se développer et à intéresser la profession
jusqu’à aujourd’hui. Cependant, dans les deux cas, la tendance générale
est au délaissement des blogs qui ne sont finalement peu ou plus
alimentés. Nous verrons cela en détail plus tard pour ce qui est des
blogs d’archivistique. Nombreux sont, de la même manière que les
médecins blogueurs, les archivistes qui nous font part de leur
quotidien, de leur veille professionnelle, de leurs préoccupations ou
encore de leurs recherches, tel le blog de Damien Hamard sur les réseaux
d’archivistes par exemple. L’ensemble de ces chercheurs essayent donc
de transmettre de l’information tout en ayant une certaine interactivité
avec leur public. Le blogging scientifique doit-il néanmoins, comme la
blogosphère médicale, se doter de règlements ; doit-il y avoir des
règles universelles pour que le blog scientifique soit réellement fiable
et pris au sérieux ? Finalement la question qui découle de ces
observations est de se demander quel est le statut du blogging
scientifique aujourd’hui et plus particulièrement celui du blogging en
recherche archivistique.
Mais il faut voir que les blogs de scientifiques ne sont pas tous des blogs de recherche. Sur une plateforme telle que hypotheses.org,
peu de blogs constituent des « ateliers ouverts » de la recherche (P.
Mounier, 2011). Les carnets consistent plus généralement en des supports
accompagnant des programmes, par exemple financés par l’Agence
Nationale de la Recherche. Des blogs peuvent aussi être créés pour
assurer la promotion d’un évènement scientifique. Le blogging
scientifique à proprement parler reste donc une pratique minoritaire, de
surcroît chez les doctorants.
C. La blogosphère archivistique
D’après
la définition proposée par l’Office Québécois de la langue française, «
la blogosphère désigne l’ensemble des blogs présents sur le Web », ce
terme peut aussi être utilisé pour identifier « la communauté des
blogueurs, souvent reliés entre eux ». La blogosphère archivistique est
donc un ensemble de blogs se rapportant au monde des archives. Certains
spécialistes voient dans la blogosphère un phénomène comparable à la
naissance des salons et des cafés en Europe durant le XVIIIe siècle. Ces
lieux ont favorisé les échanges et les rencontres, devenant de
véritables espaces de socialisation. De même, cette blogosphère
archivistique permet de favoriser les discutions et les débats de
manière plus démocratique.
La blogosphère archivistique est donc née de l’interconnexion des blogs qui traitent des archives.
Une
liste de liens vers d’autres blogs constituée essentiellement de liens
vers d’autres blogs, a donné naissance à une nouvelle pratique le «
blogrolling » qui consiste à « surfer » d’un blog à l’autre en fonction
de ses centres d’intérêt. Le blogroll est, donc, un outil de promotion
fort influent, au sein de la blogosphère, permettant de relier plus
visiblement les blogs les uns aux autres, tout en renforçant, dans
certains cas leur crédibilité. Comme le souligne Sébastien Paquet,
universitaire à Montréal, « dans ce sens le Blogroll est très important,
la qualité des liens vers d’autres sites reflète la qualité même du
blog ». Le blog propose alors des avantages tels que l’interactivité,
l’ouverture et la création de liens entre les membres. Par exemple, le
blog « Le regard de Janus », consulté le 5 mai 2013, expose clairement
la blogosphère dans lequel il s’inscrit par une liste de liens située
sur la droite de sa page principale.
En partant de l’idée que le
blog se présente comme une nouvelle forme de communauté, on peut alors
s’interroger sur son apport en matière d’intelligence collective. En
effet, selon Pierre Lévy, « une communauté virtuelle, lorsqu’elle est
convenablement organisée, représente une importante richesse en terme de
connaissances distribuées, de capacités d’action et de puissance
coopérative. Une communauté virtuelle a vocation à devenir une
intelligence collective, c’est-à-dire, une source de connaissances et de
créativité ». Cyberdémocratie. Op. Cit. p. 17, note 21
On
peut alors voir que la blogosphère archivistique reste un phénomène très
récent qui prend exemple sur la bibliothéconomie. Moyen interactif de
partager ses préoccupations et ses questionnements. C’est également un
moyen pour nous d’observer l’état de la recherche en temps réel grâce à
ces carnets de notes qui retracent les préoccupations principales.
L’étude des thèmes récurrents et des sujets repris dans l’ensemble du
réseau de ces blogs nous permettrait de voir plus clair sur la réalité
de cette recherche. Quelle est la réalité de cette blogosphère
archivistique, quels sujets y sont traités avec récurrence, de quelle
manière ? Voila les questions qu’il nous faut désormais nous poser
maintenant que nous cernons mieux le sujet abordé. La démarche doit être
pertinente et pour cela j’ai choisis de mettre en place une base de
donnée qui recense l’ensemble des blogs sur lesquels je souhaite
travailler et dont la préoccupation première est la recherche en
archivistique. Ils appartiennent donc à la blogosphère archivistique et
ont un caractère scientifique en ce sens où ils se revendiquent être des
« carnets de recherche » en archivistique.
Source :
http://le-grenier-des-archivistes.over-blog.com/l-origine-des-blogs-et-les-premiers-blogs-d-archivistique